Histoire de la mode : la petite histoire du corset

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Le corset, entre histoire et renaissance : de la silhouette contrainte à l’expression de soi

Longtemps symbole d’oppression féminine, le corset connaît aujourd’hui une véritable renaissance. Des ateliers de couture aux podiums de mode, il est revisité, recousu, réinterprété.

Libéré de son passé contraignant, il devient un objet d’art, d’expression personnelle et de réappropriation du corps. Chez Artesane, à l’occasion de notre Parcours Haute Couture et de ce premier module dédié au corset, nous avons voulu retracer l’histoire riche et complexe de cette pièce iconique : entre technique, esthétique et émancipation.

Le corset de 1720 à 1917

Le corset: définition

Le corset est un sous-vêtement rigide conçu pour modeler la silhouette, notamment pour affiner la taille et soutenir la poitrine. Il succède au « corps baleiné », porté du XVIe au XVIIIe siècle. Le corset moderne, apparu au XIXe siècle, se distingue par une construction plus technique, incluant des baleines (en acier, plastique ou os), un busc (pièce rigide située à l’avant), et un laçage dorsal permettant d’ajuster la compression. Traditionnellement fabriqué en satin, cuir, soie ou taffetas, il devient une pièce de couture complexe où la structure est aussi importante que l’esthétique. Contrairement à son ancêtre, le corset ne comprime plus la poitrine, mais la soutient, tout en sculptant le buste selon les canons de beauté de chaque époque.

Aux origines du corset : le corps à baleines et l’idéal de posture

Le corset, d’abord connu sous le nom de corps à baleines, émerge à la Renaissance (XV e). Il est porté aussi bien par les femmes que par certains hommes de la haute société, dans le but de structurer le buste et d’adopter une posture droite, synonyme de noblesse et de vertu. Il s’inscrit dans une logique d’apprivoisement du corps, à travers une silhouette élancée et rigide.

Corps à baleines 1740 – 1760
Publicité pour des corsets masculins et féminins (Londres,, vers 1899)
Illustration pour L.C.C

XVIIe – XVIIIe siècles : le corset, apparat et domination sociale

À la cour de Versailles, le corset devient un élément central de la garde-robe féminine. Il symbolise le raffinement aristocratique, l’appartenance à une classe élevée et la discipline du corps féminin. Porté sous des robes à paniers ou à la française, il compresse le buste pour affiner la taille, redresser la poitrine et souligner le statut social. Les ornements (soie, rubans, broderies) reflètent le luxe et la mise en scène du pouvoir.

Le port du corset illustre également une forte différenciation sociale : seuls les plus riches pouvaient s’offrir des corsets luxueux et sur mesure. Les femmes des couches très populaires, en revanche, n’y avaient accès que de façon marginale, en achetant des modèles usés ou récupérés. Les femmes de chambre, par exemple, récupéraient parfois les corsets de leurs patronnes, qu’elles adaptaient à leurs propres besoins, souvent dans une optique plus fonctionnelle que décorative. Le corset marquait donc une frontière visible entre les classes sociales, incarnant à la fois élégance et hiérarchie.

Gravure, vers 1770–1775
Marie-Antoinette à la rose par Elisabeth Vigee Le Brun

XIXe siècle : apogée du corset, silhouette en S et critiques naissantes

Avec l’ère victorienne, le corset atteint son apogée. Il façonne la célèbre silhouette en sablier, avec une taille extrêmement fine et des volumes exagérés sur les hanches et la poitrine, notamment grâce à Charles Frederick Worth, couturier emblématique de la Haute Couture naissante. Le corset devient incontournable pour modeler le corps selon cet idéal : cambrure exagérée, silhouette en « S » (poitrine et hanches dominantes, taille très marquée), démarche altérée.

Mais ce siècle voit également les premières critiques : médecins et réformateurs dénoncent ses effets délétères sur la santé (déformations osseuses, troubles et maladies respiratoires). Le corset devient alors un sujet de débat entre esthétisme et contraintes physiques.

Corset victorien, fin des années 1890
Corset de la Belle Époque

XXe siècle : la chute du corset, entre révolutions et libération

Dès les premières années du XXe siècle, certains créateurs prônent la libération du corps féminin. Paul Poiret, en 1908, est le premier à rejeter publiquement le corset, en introduisant des silhouettes souples, inspirées de l’Orient et des arts décoratifs. Il affirme : « J’ai libéré le corps de la femme».En créant des silhouettes plus libérées en mettant l’accent juste en dessous de la poitrine.

Mais c’est Madeleine Vionnet qui fait réellement « sauter le corset ». Formée à la couture dès l’adolescence, elle fonde sa maison en 1912. Pionnière du coupé-biais, elle sculpte le tissu plutôt que le corps, créant des robes qui épousent naturellement la silhouette, sans contrainte. Visionnaire sur le plan esthétique et social, elle incarne une nouvelle ère de la mode : fluide, fonctionnelle, libérée et plus confortable. 

Création Madeleine Vionnet
Robe abat-jour Paul Poiret

À la fin du XXe siècle, le corset revient sur le devant de la scène, porté par des créateurs tels que Vivienne Westwood ou Jean Paul Gaultier. Il est alors réapproprié comme outil de pouvoir: il ne dissimule plus, il affirme. Détourné, extériorisé, parfois provocateur, il devient une armure sensuelle, un manifeste de pouvoir féminin.

Corset Jean Paul Gaultier
Corset Jean Paul Gaultier

Le corset en couture : technicité, passion et réappropriation

Coudre un corset, c’est entrer dans un univers d’une grande exigence technique. Busc, baleines, coutures incurvées, laçage, tout doit être pensé, calculé, ajusté. Chez Artesane, notre cours dédié au corset permet d’explorer chaque étape : du patronage à l’ajustement, jusqu’au montage final.

Mais c’est aussi une expérience de réappropriation. Le corset d’aujourd’hui ne contraint plus, il accompagne. Il ne cherche pas à uniformiser, mais à s’adapter à chaque morphologie, à magnifier la silhouette sans l’altérer. Il devient une œuvre textile personnelle, une pièce de savoir-faire et de liberté.

En conclusion : recoudre le corset, réécrire l’histoire

Le corset n’est pas une relique figée. Il est le miroir d’une histoire mouvante, parfois conflictuelle, mais profondément humaine. À travers les siècles, il a modelé les corps, reflété les idéaux, provoqué des débats. En le cousant aujourd’hui, on ne reproduit pas le passé, on le réinvente, on le détourne, on le fait sien.

Aujourd’hui, le corset trouve sa place dans des univers variés : costume historique, mode de scène, spectacle vivant, cosplay, ou encore création artisanale personnelle. Il séduit les amateurs d’élégance structurée, les passionnés de couture et d’hisoire, et tous ceux qui souhaitent explorer leur créativité au croisement du corps et du vêtement.

Alors, si vous aussi, vous rêvez de créer votre propre corset, rejoignez-nous pour redonner vie à cet emblème.

Le cours de Sandra Maciak Hélias sur le corset est disponible : il est le premier module du Parcours Haute Couture qui célèbre les 10 ans d’Artesane.

Souhaitez-vous aussi réécrire l’histoire et vous approprier cette pièce emblématique ? Alors n’attendez plus.


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