Le fait main : ce n’est pas une nostalgie, mais une nécessité

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Je crée mes sandales : ce que le fait main dit de notre époque

À l’occasion de la sortie de notre cours vidéo « Je crée mes sandales« , qui vous apprend à fabriquer vos propres chaussures d’été, nous souhaitons mettre en lumière un sujet essentiel : le fait main.

Depuis sa création, Artesane est engagée dans la transmission des savoir-faire artisanaux. Nos cours s’inscrivent naturellement dans ce mouvement, celui d’une génération qui souhaite reprendre le contrôle au sens propre sur sa manière de consommer, de produire et de créer.

Mais que signifie vraiment ce retour au fait main ? C’est bien plus qu’une tendance passagère.

Reprendre le fil de l’histoire : du geste oublié à l’acte conscient

Pendant des décennies, le textile s’est industrialisé, mondialisé, automatisé. On ne sait plus comment sont faits nos vêtements, ni par qui, ni dans quelles conditions. On achète, on jette, on remplace. Le prix est devenu roi, mais à quel coût ?

Petit rappel historique : c’est au milieu du XIXe siècle, avec la révolution industrielle et l’invention de la machine à coudre, que l’habillement a commencé à basculer dans la production de masse. Puis, à partir des années 1960-70, la délocalisation vers des pays à bas coûts a accéléré la standardisation et la disparition des savoir-faire locaux. À contre-courant, une nouvelle scène émerge : celle de celles et ceux qui veulent refaire.

Fabriquer, assembler, ajuster, comprendre les matières, les volumes, les formes. C’est un retour à la technique, au geste maîtrisé, à l’intelligence de la main. Non pas par nostalgie, mais par nécessité : écologique, éthique, culturelle.

Qu’en est-il des chaussures ?

Cuirs divers

On connaît désormais les travers de la fast fashion textile, mais très peu savent comment sont fabriquées leurs chaussures. Tannage au chrome en Inde, colles industrielles non réparables, design jetable… La chaussure suit le même modèle que le vêtement : invisibilisation des savoir-faire, externalisation des coûts écologiques et humains. Fabriquer soi-même ses chaussures, c’est donc aussi reprendre la main sur un produit que l’on croit immuable, mais qui est en réalité le fruit d’une industrialisation lourde et invisible.
C’est choisir ses matériaux, comprendre les techniques d’assemblage, et concevoir un objet pensé pour durer, à rebours du « tout jetable ».

Quelques réalités à connaître :

  • Tannage au chrome (Asie, Maghreb) :
    85 à 90 % des cuirs sont encore tannés au chrome, un procédé rapide mais très polluant.
    À Kanpur (Inde), l’un des plus grands pôles du cuir mondial, les tanneries rejettent leurs eaux usées dans le Gange, avec des conséquences environnementales et sanitaires catastrophiques.
  • Pigmentation et finitions industrielles : Après le tannage, le cuir est souvent traité avec des pigments synthétiques pour uniformiser la couleur. Ce procédé industriel utilise parfois des produits chimiques polluants et peut altérer la respirabilité et la durabilité du cuir.
  • Pigmentation et finitions industrielles : Après le tannage, le cuir est souvent traité avec des pigments synthétiques pour uniformiser la couleur. Ce procédé industriel utilise parfois des produits chimiques polluants et peut altérer la respirabilité et la durabilité du cuir.
  • Assemblage à la chaîne :
    De nombreuses marques (Zara, Primark, Bershka…) produisent leurs chaussures dans des usines délocalisées, souvent dans des conditions opaques. Le collage thermique, privilégié pour sa rapidité, rend la chaussure impossible à réparer.
  • Le mythe du “cuir italien” :
    Parfois, seuls les derniers traitements sont réalisés en Italie, sans garantie d’éthique ou de qualité. Le label devient alors une opération marketing, et non un gage de savoir-faire.
Tannerie au Maroc (source: Wikimedia)

Se vêtir autrement, c’est penser autrement

Créer ses sandales, coudre un pantalon, monter un sac : cela change tout.
On ne regarde plus un vêtement de la même manière quand on en connaît les étapes : le temps pour doubler une couture, le choix d’un cuir adapté, l’ajustement sur mesure. Le fait main n’est pas un luxe, c’est une école de la lenteur, de la précision, de l’attention.
C’est aussi un acte de résistance contre la standardisation des corps et des styles. C’est oser sortir du prêt-à-porter jetable pour s’habiller avec conscience et même, parfois, avec fierté.

Campagne Vestiaire Collective
« Près d’un million de tonnes de déchets textiles sont jetés chaque année en France. »
Campagne Vestiaire Collective
« Chaque jour, nous jetons assez de vêtements pour recouvrir 197 fois La Croisette. »

Faire soi-même, c’est aussi penser en éco-concepteur

Ce que révèle la montée du fait main professionnel, c’est l’importance croissante de l’éco-conception textile. Lorsqu’on fabrique un vêtement ou une paire de sandales de A à Z, on est forcée de penser en amont :

  • Quel matériau choisir ?
  • Quelle durabilité ? Quelle réparabilité ?
  • Et quelle traçabilité derrière chaque composant ?

C’est exactement cette exigence que promeuvent aujourd’hui des acteurs de l’éco-responsabilité : renforcer la traçabilité, penser la fabrication pour qu’elle soit durable dès le départ, et réhabiliter les savoir-faire locaux comme leviers de transition.

Le fait main devient un véritable laboratoire de pratiques responsables, où chaque étape est choisie, pensée, assumée.

Photo: Artesane
Photo: Artesane

Une révolution bien ancrée

L’engouement pour le fait main n’est pas une simple réaction à la « fast fashion ».
C’est une reconfiguration complète de notre rapport au vêtement, au style, au corps, au monde.

Faire ses sandales aujourd’hui, c’est interroger comment on marche dans la vie, ce qu’on veut laisser comme empreinte.
Et c’est exactement ce que nous voulons accompagner à travers nos cours : permettre à chacune de retrouver la fierté du geste juste, la connaissance technique, le plaisir du sur-mesure.

Car non, ce n’est pas un hobby. C’est une révolution textile en douceur, mais bien réelle.

En conclusion

Faire soi-même ? Non. Faire mieux. Avec exigence, avec attention, avec savoir-faire.
Le textile fait main n’est plus un souvenir du passé. C’est un langage d’avenir, pour celles et ceux qui veulent créer en conscience, porter autrement, et transformer le monde une couture après l’autre.

Vous avez envie de vous lancer dans le fait main ? Retrouvez nos cours dédiés.


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